C’est un Géant de Provence décapité qui nous attend au terme de cette 12ème étape. Réduit à 1435 mètres d’altitude au lieu des 1912 prévus s’il n’avait pas été écourté au Chalet Reynard pour cause d’avis de grand vent. Il ne s’appelle pas Ventoux pour rien, ce mont chauve qui fait se dresser les cheveux sur la tête de bien des coureurs depuis que le Tour fait ce détour. La nouvelle a dû contrarier Nairo Quintana, lui qui a fait de ce rendez-vous un de ses terrains d’attaque pour déstabiliser Christopher Froome. C’est en tout cas ce qu’il avait annoncé au sortir des Pyrénées, quand on a considéré que la montagne avait accouché d’une souris.
Après avoir été distancé par le double vainqueur du Tour dans la descente de Peyresourde, le colombien a encore été piégé hier – comme tous les sprinters à l‘exception bien sûr de Sagan-ça gagne - , dans le final endiablé vers Montpellier. La tramontane soufflait. On dit que c’est le vent d’autan, son contraire, qui rend fou. Mais la course a bel et bien été rendue folle quand 4 hommes, dont les maillots vert et jaune ont filé à l’anglaise (et à la slovaque) pour couper l’herbe sous le pied du peloton. Ce qui importe n’est pas tant les secondes empochées que l’ascendant psychologique pris par le britannique. Il gagne dans les descentes. Il gagne sur le plat et contre le vent. Manquerait plus qu’il gagne dans la montée écourtée du Ventoux.
Eric Fottorino