Rêves de vendetta

Bien sûr on aurait aimé l’impossible. On en a même un peu rêvé. De quoi ? D’une bagarre dantesque dans la dernière étape des Alpes. D’une vendetta des premiers, ou plutôt des seconds du classement général, pour en découdre avec le maillot jaune. Pour l’attaquer, tenter de le faire plier, prendre tous les risques et jouer le tout pour le Tour. C’est très facile de l’écrire, assis confortablement à l’arrière d’une voiture (encore que les virages font parfois chavirer le chroniqueur…), alors que les coureurs ont du affronter, outre les pentes sévères des Aravis, du Ramaz et de Morzine, une pluie battante et glissante rendant les ascensions plus terribles encore, et les descentes périlleuses. Pour autant, c’est un fait que la 20ème étape a pris une tournure paradoxale. Ce sont les équipes qui avaient une place d’honneur à défendre qui ont facilité la tâche des Sky et de leur leader. On a vu longtemps les Astana de Vicenzo Nibali imprimer un rythme soutenu, évitant aux hommes de Froome une chasse derrières le groupe de tête. Ce sacrifice n’a eu pour effet que de faire souffrir le jeune Aru au point même de lui faire lâcher prise… Quant à la bande à Bardet, après avoir testé le degré de résistance du maillot jaune, elle a sagement choisi de sécuriser la deuxième place du Tour chèrement acquise sur les hauteurs de Saint-Gervais. Si les Movistar ont enfin gagné une étape, et de belle manière, grâce à l’espagnol Izagirre, ce n’était pas le coureur qu’on attendait. Nairo Quintana, qui va finir sur la troisième marche du podium à Paris, n’aura guère mis le nez à la fenêtre. Et si un colombien a fait le spectacle avec panache, il s’appelle non pas Quintana mais Pantano ! Autant de surprises et de déconvenues qui, au final, n’auront pas fait dévier le cours des choses. Froome était le meilleur de cette Grande Boucle 2016. Dans ces temps de Brexit, voilà un anglais très attaché à la France, en tout cas à son Tour !

 

Eric Fottorino

Publié par francetvsport / Catégories : Non classé