Deux évènements sportifs se sont télescopés ce week-end dans ma mémoire immédiate. Deux sentiments contradictoires. Deux défaites si différemment assumées.
La coupe Davis tout d’abord. La colère de Guy Forget après la déroute du double le samedi. Sa volonté inébranlable de croire jusqu’au bout au miracle, le dimanche, lorsque les frappes sèches décochées par le géant Isner mirent Jo Tsonga au supplice. Forget tenait le cap coûte que coûte, pour ce qui était à l’évidence son dernier voyage. Lui qui avait rêvé mettre un point final à sa carrière en brandissant le précieux saladier était convié à se retirer sur la pointe des pieds par la porte de service. La défaite face aux USA consommée, il le fit avec une dignité telle qu’il arracha des larmes à tous les joueurs de l’équipe de France. Quel tour de force en vérité réalisé par un homme qui aura su par sa passion totale du tennis, transcender tous les égoïsmes, gommer les petites médiocrités! Seul Gaël Monfils manquait manifestement à l’appel. Dommage pour lui.
Guy Forget, bien né et bien élevé dans l’amour du sport, le respect de l’adversaire et les promesses d’un collectif sera parvenu à effacer en plus de la défaite, le goût amer d’une retraite anticipée.
Le soir au parc, entre le PSG et l'OM, nous eûmes droit à une sacrée partie de manivelles. Que restera t-il de ce classico sans strass ni relief ?
La satisfaction pour le PSG d’avoir conservé toutes ses chances de remporter le titre et la douleur d’une nouvelle déconvenue pour les marseillais. On aurait aimé de leur part, après la bataille, une réaction digne à la Forget, pour atténuer les affres de la défaite, humaniser l'évènement.
Au lieu de cela je suis tombé ce matin sur un communiqué des « South Winners ». Ces soit disant supporters de l'OM cantonnés dans le virage sud, se projetaient déjà vers la réception de Montpellier mercredi au vélodrome. Voici un extrait édifiant de leur prose.
« Pour que le PSG ne finisse pas champion cette année, donnons le maximum de possibilité à Montpellier. Que les joueurs (de l’OM) restent à leur niveau et qu'ils prolongent cette série de mauvais résultats. Qu'ils ne leur prennent pas la subite envie de marquer et de gagner car, quoi qu'il arrive, ce ne sont que des marques-mal. Que le Président Labrune ne nous parle pas de points à prendre - quoi que, pour éviter la relégation... - et qu'il redonne, pour une fois, un peu le sourire aux marseillais.
Laissons gagner Montpellier, n’oublions pas les leçons de l’histoire ! »
A quelle histoire faisaient-il référence ? A une rencontre passée entre le PSG et Bordeaux où selon eux les parisiens n'avaient montré que peu d’entrain pour s’imposer.
Autrement dit à l'orée de cette crise qui couve à Marseille, les supporters du virage sud, préfèrent ne retenir que des souvenirs amers, quitte à ajouter encore un peu d’huile sur le feu.
A l’inverse de Forget qui dans une situation comparable (la défaite et l’élimination prématurée) a préféré mettre en évidence tous les petits bonheurs partagés ensemble. Histoire d’offrir à son successeur la place la plus nette possible.