Tontons flingueurs flingués

Dans un papier publié par la Monde.fr et intitulé  «Dugarry ou la malédiction du consultant » Jérôme Latta rédacteur en chef des « Cahiers du football » éreinte l’ancien attaquant des girondins de Bordeaux.

Sur Twitter Pierre Mènes l’un des complices de Duga sur Canal lui réplique vertement.

@lemondefr honteux papier de merde du symbole de l'aigreur dans le foot.

La formule lapidaire ignore la demi-mesure. Elle s’inscrit dans l’air du temps. Assener en 140 caractères des vérités définitives.

Le papier de Latta n’est certes pas complaisant mais il a au moins le mérite  d’être  circonstancié. Il reproche notamment au consultant vedette de Canal, après une très prometteuse entrée dans la profession de laisser transparaître à l’antenne  ses obsessions et d’asséner des avis toujours plus définitifs. »

Bref de se lasser gagner par l’air ambiant des séances de décryptage réservées aux experts. Loin de moi l’idée ou l’envie de m’immiscer dans ces débats d’initiés. J’ai eu le privilège une seule fois de commenter une rencontre de football en compagnie de Dugarry et j’en garde un excellent souvenir. Le procès qui lui est fait dans cet article de favoriser telle ou telle formation au détriment d’une autre  me gêne un peu. Je suis bien placé pour le savoir. Lorsque je commentais le basket je déclenchais immanquablement  l’ire de supporters. Pro Palois à Limoges et  pro limougeaud à Pau.

Impossible de se dégager de ce carcan sous peine de ne débiter que de l’eau  tiède. Duga comme tous les passionnés n’a pas la langue dans sa poche. C’est tout à son honneur.

Mais Latta va plus loin dans son analyse en dénonçant plus largement  le souci des médias de plus en plus livrés à une concurrence féroce de faire le buzz en permanence. « Le consultant moderne pour les responsables des chaînes,  fait partie du spectacle, pas d'un projet cherchant à développer la connaissance du football. » Constate justement notre confrère.  

Difficile de lui donner tort. On ne compte plus les arbitres et footballeurs en activité flingués sommairement sur les plateaux télés pour un seul moment d’égarement, un contrôle ou une passe ratée. Pierre Mènes est passé dans ce domaine  orfèvre en la matière. S’inquiète t-il  seulement après coup  des dommages collatéraux induits par ces sentences lapidaires ?

L’autre soir  sur le plateau des Spécialistes de Canal Plus Sport, le cas du joueur de Sochaux qui avait inscrit de la main  le but vainqueur  de son équipe face à Reims a été réglé avec la même légèreté.

En une seule phrase choc  et un haussement d’épaules entendu. « Bien sûr qu’il avait eu raison de tricher puisqu’il s’agissait de l’intérêt supérieur de son club ! Seul l’arbitre était le seul  fautif de n’avoir rien remarqué. »

Belle morale en vérité  assénée sans guillemets ni parenthèses. Bel exemple à suivre pour tous les gamins amoureux de football .

Il aurait été à mon sens infiniment plus responsable et pédagogique de nuancer ces propos. D’ailleurs Hervé Mathoux qui dirigeait les débats a évoqué brièvement ces balles de matches rendus au tennis par souci de fair play. Personne hélas n’a souhaité  s'engouffrer dans la brèche.

Flinguer pour flinguer. Après tout pourquoi pas puisque le business l’exige.  Mais à choisir je préfère ceux qui argumentent aux snipers qui se contentent d'une petite  phrase assassine.