Plein les yeux

 On dit de la nuit qu’elle est réparatrice et qu’elle porte conseil. Nous avons vérifié les deux adages. Tout d’abord,  nous avions besoin de sommeil, nous l’avons pris. De 22h à 4h30.

Bivouac dans les dunes

 Après bien des palabres, David Castera et Etienne Lavigne ont fait un choix de bon sens : « squeezer » la fin de la traversée plein fer du dernier cordon et s’en extraire via une vallée dunaire. Pour autant, les concurrents ne finiront pas l’étape Arequipa-Nazca en roue libre. Croyez-nous cette sortie plus évidente, n’en sera pas plus simple pour autant. Rendez-vous en janvier…Passons donc à la suite.

Un bref pit-stop à Nazca pour faire le plein des véhicules, remplir les coffres de vivres et d’eau ; et nous revoici au bord de la Panaméricaine, épine dorsale de la partie péruvienne du rallye,  pas bien loin du pueblo de Santa Cruz.

Départ au cap128 pour les initiés, vers l’océan pour les béotiens. 3km d’échauffement et zou dans un premier cordon. 2oom  derrière Fontenay et zou ensablés ! Jusqu’au bas des portières. Quelques vaines tentatives d’extraction en solo et nous appelons Patrick à la radio. Il s’ensable à son tour en venant à notre secours, finit par nous sortir d’un coup de sangle et nous repartons…pour nous « tanker », ensemble cette fois !

"Posés"(glossaire de rallye-raid)

Face à cette situation, une seule solution : s’imposer une heure de musculation dans l’exercice particulier au rallye-raid : le pelletage. Les deux voitures étant scotchées, chaque équipage doit dégager au mieux son véhicule de son piège de sable, redémarrer en douceur, en espérant. Juste en espérant. Nous nous en sommes sortis, suant et soufflant mais très très soulagés !

Je ne vous cacherai pas que lorsque nous entendîmes Castera à la radio : « Vous pouvez contourner le cordon par la droite et vous nous retrouverez après », nous fûmes allégés d’une certaine crispation…

Journée de grisaille

Le point de jonction fut une très jolie oasis posée au milieu de rien. Alimentée par l’eau généreuse d’un des rares rios actifs de la région. Pique-nique frisquet sous les nuages et dans un vent glacial. La météo n’a pas joué le jeu aujourd’hui. Ciel couvert en permanence, froid, humidité et même brouillard pendant une heure.

Dommage, d’autant que les paysages traversés nous ont épatés par leur diversité.

Jugez plutôt : erg de sable blanc, plaine serpentant paresseusement au milieu de dunes cathédrales, descente en pente douce vers le Pacifique, puis escalade d’une montagne de sable comparée à laquelle la dune du Pilat n’est plus qu’un frêle tas de sable. « Depuis sa base, jusqu’à son sommet, on a roulé 2km800 » Jean-Pierre Fontenay n’en revenait pas.

Barcanes sur la route de Pisco

Et ce n’est pas fini, après une piste de sable sur le plateau qui nous a rappelé l’étape Nema-Nema de l’édition 2007 en Mauritanie, retour en bas, sur la plage, cette fois-ci pour un feu d’artifice géologique : sur 2km de large, du sable vieux-rose, des dunettes grises, ocres, du sable noir au sol et des langues de sable blanc à flanc de falaise.                               Pas de commentaires dans les voitures.                               Seulement le silence recueilli l’admiration.

S’il fait soleil en janvier ce sera tout simplement extraordinaire.

150km parcourus aujourd’hui, il en reste 120 pour terminer l’étape 13 qui nous mène à Pisco. Cette spéciale ne sera peut-être pas la plus difficile du rallye mais sûrement la plus belle. Et méfiez- vous, concurrents qui me lisez, les étapes de fin d’épreuve jouent souvent de mauvais tours aux rescapés, car la fatigue est là et pèse lourd après 13 jours de course.

Le long du Pacifique

                                                                                                                         

Crête de dunes...sournoise

Poussés par le vent décidément trop fort et trop froid, nous avons dévié du parcours à la nuit tombée pour nous réfugier au creux d’un massif de dunettes.

La pleine lune et les étoiles sont voilées par de longs nuages. Nous fermons les yeux sur les paysages merveilleux qui se sont offerts à nous.

Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Dakar 2012