It's never finished !

15heures. Soleil radieux. 25 degrés. Nous sommes sortis de la spéciale Nazca-Pisco et nous retrouvons le ruban de goudron de la Panaméricaine. Direction Nord-Nord-Ouest en direction de Lima, capitale du pays, arrivée du rallye.

Vers le nord

Une centaine de kilomètres de liaison, évidemment sans difficultés mais pas sans curiosités. Exemple avec la traversée de Chincha, ville moyenne de 170 000 habitants, cœur de la culture afro-péruvienne. Ici, circuler avec un véhicule à moteur est un exercice de style, hors de toutes considérations relatives au code de la route. Chacun avant comme il veut, en regardant devant lui et uniquement dans cette direction.  Camions, berlines, 4X4, motos, vélos et taxis-triporteurs, tout ce petit monde avance à sa guise, sans jamais se préoccuper du voisin. Embouteillages, symphonie cacophonique de klaxons, pollution terrible. Chincha est aussi bouché que le périph’ un vendredi soir à 18h mais évoluer dans cette anarchie totalement polluée est beaucoup plus drôle et…sportif.

Après Chincha, la Panam’ se fait autoroute et c’est après le péage que nous retrouvons les immenses plages du Pacifique, bordées de culture maraîchères et fruitières.

Nous sommes à 100km au sud de Lima. Au départ de la dernière spéciale du rallye. Nous avons perdu le soleil en route. Nous venons de faire connaissance avec la Garua, une brume haut-perchée qui voile le soleil de juin à février dans toute la région côtière de la capitale. La lumière est blafarde. La nuit tombe. Pas très gai tout ça. Ajoutez à ce tableau tristounet, un crachin aussi fin que transperçant et vous aurez une très bonne idée de l’ambiance au départ.

Le petit train des recos va vite se réchauffer après 3km : et hop une montée infernale pour aller se percher dans un bloc de dunes sombres et grises comme le ciel. La suite ? Du hors-piste, un sable très mou et humide, presque collant ; bref, une vraie spéciale ! Nous pensions que ces trente derniers kilomètres avaient valeur de symbole, une cerise sur le gâteau de sable que sera ce trajet péruvien… Pas du tout !

Un dernier, gros, pâté de sable

Trente kilomètres oui, mais rien à voir avec l’étape anecdotique du lac rose au nord de Dakar.

« Imagine qu’il n’y ait qu’une minute de retard entre les deux premiers le 15 janvier » me disait Fontenay. « Là celui qui part en premier a du mauvais sang à se faire ». Un écart infime, en effet, n’est pas exclu. Nous pourrions très bien assister à deux duels très serrés en janvier : le classique Coma-Després à moto et l’attendu Peterhansel-Al Attiyah, tous deux désormais au volant du Mini Countryman.

 Dans les deux catégories, les pilotes sont aussi doués les uns que les autres; et s’ils ne sont pas suffisamment départagés avant la dernière spéciale, ces trente kilomètres là sont suffisamment techniques et difficiles pour départager des quasi ex-aequo.

Sableux, jusqu'au bout

En sortant de ce dernier chausse-trappe (30km en deux heures, tout de même), Etienne Lavigne écrivait sur le haillon d’une voiture « It’s never finished », à la lumière de sa lampe frontale. Une dernière inspiration à l’arrivée sportive du rallye venue à lui après cette dernière galère de nuit, tous phares allumés pour s’extirper, c’est le mot, de ce sable côtier.

Parti dos au Pacifique, le tracé péruvienne, finit par une ultime plongée sur l’Océan.
Ceux qui verront la mer, de face, en descendant vers elle le 15 janvier auront bouclé le plus dur des 4 Dakar sud-américains.

Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Dakar 2012