Histoire de coeur

Debout à 5h30 quand la première voiture doit s’élancer à 10h06, ça laisse le temps de bavarder.

Comme tous les matins donc, je bavarde avec les uns et les autres, top teams ou amateurs au gré du hasard et de ceux que je croise.

Me voici donc aux côtés d’Etienne Smulevici, 30 Dakar à son -provisoire- compteur, pour évoquer…l’avenir : celui du Dakar, celui des Rallyes Raids, on fait le monde quoi.

Vient nous rejoindre Alain Vasseur, la soixantaine gaillarde, enfin gaillarde… Ce matin Alain avait pris un joli coup de vieux. Sorti de la spéciale à 5h00 du matin ! Galère de nuit, galère de sable, galère de tout. A 7 heures Alain avait peu de conversation, seul son sourire ravagé de fatigue nous disait qu’il était fier d’avoir rallié le bivouac.

Reparti en temps et en heure, Alain a connu une bien meilleure journée entre Pisco et Nasca. Il est au bivouac après une spéciale gérée comme un pro, alors qu’il participe à son premier Dakar.

Finir le Dakar revêt une importance toute particulière pour Alain Vasseur. Sa voiture porte les couleurs de « Chirurgie Mécénat Cardiaque». Il a sollicité ses coéquipiers de l’écurie MD Racing comme Vandromme ou Thomasse et chacun y est allé de son aubole pour que ce drôle de « sponsor » apparaisse sur les pistes et au bivouac. De cette récolte de fonds, Alain retirera 100 000 euros qui serviront à opérer un petit garçon venu d’un pays du tiers-monde et à lui permettre de passer sa convalescence dans une famille d’accueil.

Bref, voilà des concurrents amateurs-éclairés, financés convenablement mais sans excès qui montrent qu'ils ont du cœur. Du cœur dans la vie et du cœur sur la piste : Pascal Thomasse a fait un tonneau par l’avant à 40 km de l’arrivée. Retombé sur ses roues, moteur tournant, il est reparti tout de go et a terminé la spéciale, à peine chiffonné.

Pour ces concurrents, le Dakar reste une aventure. Personnelle. Continuer, ne pas renoncer, aller au bout d’un projet rude et difficile. Oui, le Dakar est plus « confortable » qu’en des temps plus anciens. On ne s’y perd plus complètement. Mais les efforts restent énormes, à l’échelle de chacun…