Le Dakar 2015 séjournera 3 jours pleins à Iquique, au Nord du Chili. Le vendredi 9 janvier, la caravane s’installera au bord du Pacifique et n’en repartira que le mardi 13 vers Calama.
Entre temps les motos et quads auront couru deux spéciales dans un aller-retour Iquique-Uyuni, suivies avec un jour de décalage par les autos et camions. Deux journées de repos séparées donc, à Iquique, un record d’escale pour le Dakar dans sa version sud-américaine.
Dans la nuit du 30 mars au 1er avril derniers, la terre a tremblé à Iquique. Magnitude 8.2 sur l’échelle de Richter. 6 morts. Des milliers de personnes évacuées et beaucoup de dégâts matériels : routes, maisons, centres commerciaux…
Je m’attendais à une ville très abîmée.
Il n’en est rien, ou presque.
Dans la ville basse, tout a été réparé et impossible, pour le visiteur de penser qu’un « terremoto » a secoué les immeubles il y a cinq mois.
Dans la ville haute, Alto Hospicio, qui surplomble Iquique sur un plateau au sommet d’une immense colline de sable, l’état des lieux est différent.
Rencontré devant le pas de sa porte, Ruben Sotto, modeste ouvrier-boulanger ne s’apitoie pas sur son sort mais raconte : « ça a bougé très fort la première fois et encore une deuxième la nuit d’après et puis une dernière fois la troisième nuit ». Certaines maisons de la ville haute se sont effondrées, tandis que d’autres, quasiment mitoyennes ont tenu. L’explication tient dans le sous-sol, sorte de gruyère de sel où les poches d’eau sont nombreuses et ont constitué un piège fatal pour ces habitations dénuées de fondation.
« Nos maisons sont en ciment, poursuit Ruben, elles sont modestes et nous n’avons pas les moyens de les équiper de structures anti-sismiques comme les gratte-ciel d’en bas »
La maison de Ruben est fissurée, craquelée mais il a choisi de rester dedans. Enfin, choisi…
« Après le terremoto, le gouvernement nous a proposé une subvention plafonnée pour que l’on puisse se reloger ailleurs, avec l’idée de raser nos maison esquintées . Mais les prix de l’immobilier se sont mis à grimper en flèche et la subvention ne me suffira pas. Je n’ai pas les moyens de bouger, alors je reste en attendant qu’on s’occupe de mon cas »
A quelques centaines de mètres, Erivaldo Manini est mieux lôti. Comme celle de Ruben, sa maison a été meurtrie mais les pouvoirs publics sont intervenus plus rapidement. Destruction, évacuation dans un campement, reconstruction à l’identique sans le moindre frais pour ce cadre moyen salarié d’une mine… de sel. « Tout a été refait, mais ça a pris quand même 4 mois. Là on va habiter chez ma belle-mère pendant quelques temps avec mon épouse et les deux garçons, le temps que tout -électricité, plomberie- soit proprement terminé. »
Pour Ruben ce devrait être le même processus, mais lui n’a pas d’endroit où aller le temps des travaux. « Je ne sais pas quelle solution ils vont trouver, mais il y aura une solution »
Ils sont comme ça, les gens d’ici. Fatalistes et souriants. Les Fiestas Patrias débutent ce soir au Chili. On va les célébrer comme il se doit à Alto Hospicio. Sans pester contre le sort, en accueillant l’étranger aimablement. « Bien sûr que nous sommes sinistrés et que les choses pourraient aller plus vite. Mais c’est notre terre, et notre terre tremble. C’est comme ça… » nous a dit Ruben dans un sourire résigné.
Le Chili est un des pays les plus touchés par les séisme au monde. Un tremblement de terre d'une magnitude de 8,8 avait provoqué la mort de plus de 700 personnes en 2010, détruisant plus de 220 000 maisons. Le séisme le plus puissant enregistré dans le monde l'a été au Chili – d'une magnitude de 9,5 en 1960, tuant plus de 5 000 personnes.