FANTOMES D'ATACAMA

Il y a des villes fantômes autour d’Iquique. Il suffit de quitter les rives du Pacifique et d’entrer d’une cinquantaine de km dans le désert d’Atacama pour trouver les deux principales : Santa Laura et Humberstone. Il s’agit d’anciennes mines de salpêtre devenues villes à part entière tant l’exploitation de ce minerai fut intense au XIXème, jusque début du XXème siècle

Ces deux « oficinas » comme on les dénomme ici sont inscrites au patrimoine national et patrimoine de l’humanité.

Nous avons visité l’oficina Santiago Humberstone.DSCF1248

Elle fut ouverte en 1872 sous le nom de Oficina La Palma, puis fut rachetée et réouverte par Santiago Humberstone propriétaire de mines et ingénieur chimiste. Il transforma le site à partir de 1934. La mine se mua en cité minière au fil des ans, se dotant d’infrastructures de plus en plus complètes : magasins, école, collège, église, théâtre, terrains de tennis et de foot et même : piscine ! Rien ne manquait au confort des « pampinos », le nom des mineurs de la pampa.DSCF1255

Mais la compagnie d’exploitation possédait tout et donc contrôlait tout. Les mineurs creusaient la terre, leurs épouses travaillaient à l’entretien du site et la compagnie rémunérait tous ces employés en « fichas » (des coupons) et pas en pesos ! Evidemment cela contraignait les « salariés » à s’approvisionner en tout sur place et nulle part ailleurs… Drôle d’esclavage déguisé….DSCF1249

Au début des années 50, ailleurs dans le monde, on avait trouvé les moyens de produire des nitrates et de l’iode à moindres coûts.

L’oficina Humberstone subit un long déclin. La ville qui avait compté jusque 5000 habitants fut définitivement fermée en 1960. Et les pampinos durent s’exiler vers Iquique, Antofagasta, Calama.DSCF1247

On sort de cette visite d’une ville quasi intacte, figée dans son temps, en se demandant si les pampinos étaient heureux de disposer de toutes ces facilités de vie (bien rares à l’époque) ou s’ils se sentaient prisonniers de la mine, de la Compagnie. La balade ne livre pas d’indice…DSCF1244

On ne trouve ici que des descriptions, froides, pas d’analyse ni de témoignages.

 A la sortie d’Humbertone, une autre balade nous attend. Celle qui nous mène vers Uyuni où nous retrouverons l’équipe des reconnaissances. En moins de trois heures nous passons du niveau de la mer à 4000m d’altitude. Il y a 560km entre Iquique et Uyuni.DSCF1310

La première partie du voyage nous mène à la frontière entre Chili et Bolivie. Ollagué, c’est le nom du pueblo qui marque ici la limite. Les deux postes frontières se ressemblent : des algecos sinistres posés au milieu de nulle part, à 1km du village. Les deux douaniers ne se ressemblent pas : le chilien est mutique, et l’on se prend à imaginer qu’il a subi une mutationpunitive d’un endroit charmant à ce trou à rat. Le bolivien, lui, est jovial, accorte. Ravi de nous accueillir sur son altiplano glacé par le vent à cette période de l’année. Même une panne d’électricité et donc d’ordinateur qui nous retardent dans la paperasserie ne lui enlèvent pas le sourire.

Le passage du Chili à la Bolivie aura tout de même duré une heure et demie

La deuxième partie du voyage se déroule sur terrain plat mais très élevé : la piste large zigzague en longues courbes sur une plaine parsemée de volcans-montagnes. On est jamais en dessous de 3800m, jamais au-dessus de 4100m.DSCF1314

Nous traversons Uyuni de nuit et retrouvons le reste de l’équipe à 20km de là, au Palacio de Sal. Un hotel entièrement construit avec des plaques de sel… Le salar d’Uyuni est tout près. Nous le retrouverons demain.DSCF1313DSCF1265DSCF1261

Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Dakar 2015