Teklehaimanot comme Bahamontes ?

Daniel Teklehaimanot - PHOTO AFP

C’était hier les 87 ans de Federico Bahamontes, l’Aigle de Tolède, qui fut sacré six fois Roi de la montagne à une époque où aucun maillot à pois rouges ne distinguait le meilleur des grimpeurs. C’était émouvant de signaler cet anniversaire dans le direct de France Télévisions au moment où le jeune érythréen de 26 ans, Daniel Teklehaimanot s’emparait de cette désormais fameuse tunique. Un noir africain venu de la Corne du continent a ainsi dépossédé l’espagnol Joaquim Rodriguez au terme d’une échappée au long cours qui lui a permis de faire mieux connaître son nom et son allure. J’ai idée que si le dieu des cyclistes lui prête chance (et courage, bien qu’il n’en manque pas), le coureur d’Asmara sera la grande révélation de ce Tour comme le furent avant lui le colombien Lucho Herrera dans les années 1980, ou pourquoi pas l’autre colombien Nairo Quintana, désormais indiscutable parmi les favoris de l’épreuve. Soudain sur la route, il y eut comme une passation de pouvoir imaginaire entre la silhouette en filigrane du fringant Bahamontes et celle, harmonieuse et déliée, de Teklehaimanot. Bahamontes ne triompha pas seulement six fois dans les sommets. Il gagna même le Tour de France, en 1959.

 

Un africain vainqueur de la Grande Boucle ? Ne rêvons pas. Mais l’envisager, juste l’envisager, est très excitant. Excellent rouleur, champion d’Afrique du contre-la-montre, ancien vainqueur du Tour du Rwanda, Teklehaimanot a été sacré meilleur escaladeur dans le dernier Dauphiné. Signe que ses ailes n’en finissent pas de pousser. Il se murmure aussi que son compère et compatriote Merhawi Kudus serait un grimpeur au moins aussi redoutable que lui… Abondance de biens ne nuit pas à cette nouvelle Afrique qui trouvera peut-être dans le cyclisme le souffle des marathoniens qui ont fait sa gloire. Voilà qui promet.

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