Blondin, la lumière du Tour

Antoine Blondin en 1975 / AFP PHOTO

Monsieur Jadis avait l’humeur vagabonde lorsque, à partir de 1954, il prit place dans la voiture 101 du Tour de France qu’il appelait sa résidence d’été. Antoine Blondin, puisque c’est à lui que je dédie cette échappée de mots, était un chevalier de la Fable ronde, comme il aimait baptiser la Grande Boucle. L’auteur du Singe en hiver faisait le singe en juillet, un singe malin comme trois singes, avec ses calembours irrésistibles du genre : Il est arrivé premier dans un état second, ou encore La défaillance de Limoges, Haute-Vienne que pourra, du Pin et des jeux, Jan Raas et Demeyer (accessible seulement aux connaisseurs de l’ancien champion néerlandais Jan Raas et de feu le routier Marc Demeyer…).

 

Ceux qui ont eu la chance d’accompagner « l’Antoine » dans une ou plusieurs de ses 27 tournées cyclistes fortement arrosées – la littérature, précisait l’animal, c’est des litres et des ratures – sont restés sous le charme de l’écrivain- buveur. Encore précisait-il être un buveur qui écrivait plutôt qu’un écrivain qui buvait. Il savait transcender la course en une Iliade et une Odyssée, chantre de l’Homère patrie, dressant à l’obscur comme au champion de lumière un piédestal de papier plus résistant que le marbre des monuments. Convoquant Hugo ou Ronsard selon l’inspiration de l’instant, prévenant de ses pauses en lançant un «  excusez-moi je m’absinthe un moment », passant comme qui rigole du pastis au pastiche, Blondin était sans conteste la lumière du Tour, celle qu’on n’éteint jamais quand il est parti.

Publié par francetvsport / Catégories : Non classé