Paris est une fête (et une défaite)

Greg Lemond sur les Champs-Elysées en 1989

Revoir Paris. Le peloton va-t-il entonner la célèbre chanson de Charles Trenet qui saluait le Tour de France avec ces mots : « ils étaient cent-quatre-vingt champions triés sur le vélo »… On imagine combien l’arrivée dans la capitale remplit de joie et de soulagement les compagnons de cette Grande boucle ô combien harassante. Paris est une fête, disait Hemingway. Paris fut parfois aussi une défaite pour des champions qui croyaient avoir course gagnée avant de perdre leur maillot jaune sur le fil… A trois reprises dans l’histoire de l’épreuve, le coureur qui s’élança le matin vers la capitale ne retrouva pas son bien à l’issue de l’ultime étape. Ainsi Pierre Brambilla en 1947. Parti vêtu de canari, il succomba à l‘attaque du breton coriace Jean Robic qu’on appelait aussi Biquet ou Tête de cuir, allusion à son casque épais qui le protégeait de ses nombreuses chutes… Dans la côte dite de Bon secours, à la sortie de Caen, il détala comme un lapin et Brambilla ne le revit plus avant le Parc des Princes où était jugée l’arrivée. Jeune marié sans dot avant le départ du Tour, le breton cabochard avait promis à son épouse Raymonde le prix du vainqueur. Il tint parole, alors que l’infortuné Brambilla, par dépit, enterra son vélo au fond de son jardin.

 

En 1968, c’est le Hollandais à lunettes Jan Janssen qui mystifia le porteur du maillot jaune Hermann Van Springel dans l’ultime contre la montre Versailles-Paris. Désormais le Tour arrivait sur l’anneau de la Cipale de Vincennes. Pour 38 secondes, Jan assomma Hermann, ajoutant une tulipe jaune à son palmarès, comme une fleur coupée sous la pédale de son adversaire.

 

Enfin, et qui ne s’en souvient, c’est dans ce même contre la montre Versailles-Paris, avec une arrivée sur les Champs-Elysées cette fois, que l’américain Greg Lemond ravit sa tunique blonde comme ses cheveux à Laurent Fignon, pour 8 petites secondes. Le déjà double vainqueur du Tour (1983-1984) croyait bien avoir course gagnée. Mais une terrible blessure à la selle l’empêcha de donner toute sa mesure dans l’épreuve de vérité du chrono. Quant au jeune américain, il se présenta au départ avec un guidon de tri-athlète qui offrait un troisième point d’appui favorisant la puissance du pédalage. Ce guidon n’était ni autorisé, ni interdit. Et c’est dans ce vide (juridique) que Lemond précipita Fignon, au terme d’un périple de 3285 km… Il devint ainsi le premier américain en jaune à Paris. Pour Lemond, aujourd’hui encore seul Yankee victorieux du Tour (après le retrait de ses 7 titres à Lance Armstrong), Paris est toujours une fête !

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