Le Brexit n’a pas gagné les routes du Tour. Pour la 4ème fois en moins d’une semaine, c’est encore un sujet de sa très Gracieuse majesté qui a levé les bras au ciel. Après les trois victoires façon Eurostar de Marc Cavendish, le coureur Stephen Cummings a maté tous les favoris sur les pentes de l’Aspin, signe que les British, Europe ou pas, restent attachés à notre bon vieux continent. Et en particulier aux Pyrénées. Non pas qu’on parle la langue de Shakespeare dans nos monts et nos vallées. Mais la ville de Pau qui pointe sous la roue des coureurs est à n’en point douter la plus britannique des cités de la douce France.
C’est là que bien des anciens soldats d’outre-Manche s’établirent, s’en revenant des guerres livrées à Napoléon. Ils y trouvèrent la table bonne et variée, le climat doux, les paysages enchanteurs. Et quand le médecin écossais Alexander Taylor, recommanda dans un bestseller les cures thermales de Pau, la cause fut entendue : la cité béarnaise devint pour ainsi dire anglaise. Une Angleterre sans le fog… Si on ajoute que nos voisins désormais acclimatés à la région y introduisirent le steeple-chase, le golf et bien sûr, le rugby devenu roi dans sa section paloise, on comprendra pourquoi le sieur Cummings s’est senti pousser des ailes dans l’Aspin. Leurs ailes, d’autres les ont dangereusement repliées. A commencer par un Thibaut Pinot à la peine. Un stage d’anglais chez nos grimpeurs, voilà qui pourrait peut-être leur délier les muscles, et pas seulement de la langue…
Eric Fottorino