C’est une question qu’on se posait dans le déluge d’Andorre-Alcalis, après que l’étuve du début d’étape s’était changée en orage gonflé de grêlons. Quand Nairo Quintana va-t-il attaquer ? On se le demandait en le voyant suivre Froome comme son ombre, mais sans jamais tenter de le, ou de la, dépasser. Une sorte de politesse un peu trop policée pour qui a pour ambition de gagner le Tour. A moins que le petit colombien se satisfasse d’un destin à la Jan Ullrich, monté tant de fois sur la deuxième marche du podium à Paris derrière celui dont on a rayé le nom sur les tablettes officielles, Lance Armstrong. Encore le coureur allemand peut-il se targuer d’avoir remporté une fois la Grande Boucle, avant les 7 triomphes frelatés de l’américain.

Quintana donc. Quand, et où ? La séquence pyrénéenne achevée, on ne voit que les Alpes pour permettre au leader de la Movistar de provoquer celui de la Sky. Ce dernier semble avoir pris un sérieux ascendant psychologique sur ses adversaires. Plus il descendait vite samedi vers Luchon, plus le moral des autres descendait aussi ! Le Tour se gagne avec les jambes, c’est une évidence, mais si la tête n’y est pas, entendez le mental, rien de grand n’est possible. Demandez à Contador qui a « bâché » en rase campagne sur les routes de son pays. Il n’y croyait plus, il n’avait pas envie, le torchon brûlait avec son patron Oleg Tinkov. Plus que les séquelles de ses chutes du début de Tour, ces contrariétés auront pesé lourd dans sa décision.

Rien ne dit que Quintana ait perdu en route son ambition de victoire. Mais il serait bon qu’au lieu de serrer les dents, il les montre ça et là. Ne serait-ce que pour nous permettre de rêver à un vrai duel plutôt qu’à un concours de courtoisie.

Eric Fotorrino