Le vélo de plus en plus maso et suicidaire ?
C’est hélas devenu une évidence. Le métier de coureur cycliste est certainement l‘un de ceux qui génère le plus de souffrances.
Mais à la lumière des dernières révélations et décisions étalées sur la place publique, on peut aussi se demander si cette souffrance ne s’accompagne pas désormais d’une bonne dose de plaisir morbide.
Il est grand temps pour tous les amoureux du vélo de réagir avant qu’il ne soit trop tard, tant les pulsions suicidaires affleurent au niveau des plus hautes instances dirigeantes. Quelle mouche a donc piqué le TAS pour accepter d’ajourner l’audience, initialement prévue début juin, concernant l’affaire Contador ?
Tandis qu’Alberto caracole sur les routes d’un Giro redessiné sur le mode dantesque, les parties concernées par son dossier se sont entendues pour reporter l’arbitrage du tribunal du sport à l’automne lorsque les coursiers seront en vacances.
Contador, rappelons le, reste sous la menace d’un contrôle positif au clenbutérol décelé lors du tour de France l’année passée. Après avoir proposé pour son leader une suspension d’une année, la fédération espagnole habilitée à statuer en première instance a choisi de passer l’éponge.
L’UCI, alors n’avait pas d’autre solution que de faire appel. Un appel qui sera donc examiné …après l'arrivée du Tour, dont Contador a remporté les trois dernières éditions !
Si l’on voulait discréditer à jamais la grande boucle, on ne s’y prendrait pas autrement. Le Tour, vitrine jusque là incontestée du cyclisme international, semble pris en otage pour des raisons obscures. La marge de manœuvre de ses organisateurs, qui se sont déclarés surpris du report, est des plus étroites.
Comment refuser l’engagement du voltigeur espagnol sans se mettre moralement et juridiquement en mauvaise posture ? Marc Madiot et Eric Boyer, managers conscients du danger mortel qui menace leur discipline en appellent à la responsabilité de Bjarne Riis le manger de Contador. Il y a tant d’intérêts en jeu que leur supplique a peu de chances d’être entendue.
Le Tour cette année encore s'apprête donc à se chercher en vain un vainqueur irréprochable. Cela fait tant d’années que cette mascarade perdure que l’on peut raisonnablement évoquer la thèse du complot.
Qui aurait intérêt à ce que le Tour se meure, trahi par des héros aussi peu crédibles, soutenus par des instances aussi laxistes ?
Et ses apprentis sorciers dans leur soif de pouvoir ne prennent –ils pas conscience que c'est tout le monde du vélo qui en pâtira gravement ?
De l’autre côté de l’Atlantique, les témoignages à charge contre Armstrong s’accumulent. Après Landis, Hamilton accuse le septuple vainqueur du Tour de s’être goinfrer d’EPO à l’époque de sa splendeur. Hincapie, un de ses plus fidèles lieutenants, aurait témoigné dans le même sens.
Les derniers irréductibles ont beau hurler que ce ne sont que les allégations de jaloux, la coupe est pleine et le champion déchu a toutes les chances de se retrouver bientôt en prison pour parjure.
Quant au Tour de France, livré à l'appétit des puissants en coulisses, pourra t-il résister à tant d’inconséquences ? N'assiste -on pas déjà aujourd'hui à l'hallali ?