Les premières lignes abonnées aux taches obscures font entendre leur voix désormais. France Télévisions à l’occasion de la coupe du monde de rugby  s’appuie en plus de l’expertise de notre consultant habituel Fabien Galthié sur celles de Raphael Ibanez et Sylvain Marconnet un talonneur et un pilier de renom.

Le phénomène est récent. Jusqu’à présent les analyses techniques à l’antenne étaient réservées  aux chevaux légers issus de la charnière ou des lignes arrière. Le rugby se conjuguait au gré de leur ego plus extraverti. Ils envoyaient du jeu, privilégiaient les flamboyances. 

 Cette mini révolution  qui élargit l’éventail des compétences modifie sensiblement la teneur des commentaires. Plus intrigante encore que leur morphologie monolithique, les premières lignes distillent via l’antenne  une psychologie singulière, empreinte de sérénité et de modestie.

Daniel Herrero dans son dictionnaire amoureux du rugby note qu’il faut être humble pour jouer à ce poste ingrat, comme doit être râblé celui qui au cirque porte sur ses épaules la pyramide d’acrobates qui fait rêver les foules. L’ancien troisième ligne centre du quinze de France renchérit en notant que les travaux des piliers  d’une incomparable rudesse ne seront jamais appréciés que par une minuscule confrérie de gaillards obscurs. En leur donnant la parole, on en revient aux fondamentaux du jeu et au respect qui est du à ceux qui se livrent sans retenue dans l’anonymat des mêlées. 

Sylvain Marconnet, écarté de la dernière heure,  dans le blog qu’il nourrit régulièrement sur le site de France Télévisions,  n’explique t-il pas la rédemption de ses potes par cette simple évidence ?

« Les joueurs l’ont fait de la plus simple des manières : en les défonçant (Les anglais)  !!! C’est ça aussi le rugby, ça peut paraitre simple mais c’est le plus compliqué. La technique et les schémas paraissent bien loin quand on met de tels ingrédients!!! «

  Pour que les diamants  Clerc et Médard brillent de mille feux, il fallait que des gros au cou de taureaux, les oreilles soudées au crâne, s’échinent en coulisse. Quelques fois à force d’être exposée sous les projecteurs la force obscure dérape. Vincent Moscato dont par ailleurs j’apprécie la gentillesse et le franc parler s’est permis récemment sur les ondes d’une radio périphérique une sortie peu amène sur la condition du personnel chargé de l’entretien des chambres d’hôtel.

« Tout le monde l’a fait. T’es là, t’es en petite tenue: la femme de chambre, elle rentre, t’as le chichi sur le côté, ça, c’est ta spécialité”,A-t-il affirmé pour excuser l’attitude glauque de trois joueurs de l’équipe d’Angleterre.

Pas question évidemment pour moi de cautionner de tels propos mas juste de les remettre en perspective. Daniel Herrero ne constatait-il  pas en guise de post-scriptum. « Les premières lignes ont leurs mots, leur humour, et plus que tout, leurs mystères. »