Lance Armstrong jette l’éponge ! Voilà une attitude qui assurément ne lui ressemble pas.
Le cycliste américain durant toute sa vie s’est nourri de l’imagerie des guerriers valeureux, des héros encerclés par les hordes ennemies. Blessés, un genou à terre, mais toujours décidés à combattre pour renaître et mériter à la fin la reconnaissance émue de ses pairs.
Si l’histoire de ce coursier moderne a touché au cœur tant de personnes de par de la monde, c’est que sa réalité comportait jusqu’ici parfaitement les ingrédients indispensables aux succès des scénarii hollywoodiens. Happy end y compris.
Des débuts prometteurs, une maladie mortelle, un mental d’acier, une résurrection miraculeuse et une domination implacable mise au service d’une cause noble.
Un collègue journaliste me racontait l’invraisemblable dévotion dont LA faisait l’objet parmi les malades outre-atlantique. Certains atteints de cancer souhaitaient simplement toucher l’icône dans l’espoir de bénéficier d’un peu de ce fluide miraculeux qui coulait dans ses veines.
L’entêtement de l’USADA, l’agence américaine anti-dopage modifie considérablement la donne. Difficile de faire endosser à ses dirigeants le costume des méchants des films noirs .
Apparemment l’institution dispose de suffisamment d’éléments pour confondre définitivement le tricheur. Si Lance Armstrong préfère renoncer aujourd’hui quitte à se voir déposséder de ses 7 plus belles tuniques, c’est évidemment parce qu’il a beaucoup plus à gagner en optant pour une stratégie de repli.
Sa fondation Life Strong engagée dans la lutte contre le cancer, aurait déjà levé 500 millions de dollars depuis 1997. Plus subtil encore le transfert sur la toile du point org au point com réoriente l’internaute vers une vitrine 100 % e-commerce. La multiplication des bracelets jaunes en partenariat avec Nike peut d’ailleurs s’apparenter à un nouveau miracle. Economique cette fois. L’équimentier américain a d’ailleurs tout de suite assuré LA de son indéfectible soutien. « Nous croyons en Lance. » A sobrement déclaré l’un de ses porte paroles utilisant à dessein la métaphore religieuse.
En dénonçant une conspiration menée contre sa personne, LA ne sombre pas dans la paranoia. Il s’attache en se coupant l’appendice gangrené à sauver la plus grande partie de son corps. Un business des plus florissants.
Avouer ses forfaitures aurait eu un impact désastreux sur ses affaires. Les élans de générosité des plus riches donateurs notamment se seraient probablement taris . Les américains qui raffolent des happy end goûtent beaucoup moins à la dramaturgie des tragédies antiques.
La grande famille du vélo non plus. Il fallait écouter nos glorieux coursiers retraités ( dont par charité je ne citerai pas les noms) défendre mordicus la probité de l’homme acculé.
Comment pouvait-on jeter l’opprobre sur un champion qui tout au long de sa carrière n’avait jamais fait l’objet d’un seul contrôle positif ? Tout juste si ce tombereau de médisances n’arrachait pas des larmes à nos vénérables témoins.
L’omerta a toujours constitué la règle dans le milieu du vélo. Une déontologie navrante qui ne peut qu’encourager les apprentis sorciers à tenter leur chance en s’appuyant sur le « Pas vu pas pris » ou le cyclisme offert à « Toutes les virulences. »
La direction du Tour de France en contemplant le trou d’obus dans le palmarés de l’épreuve prend acte de l’abandon de Lance en attendant la réaction de l’UCI la seule habilitée à destituer l’icône. De sa promptitude et de sa rigueur dépendront en grande partie l’avenir de la discipline et la crédibilité de la grande boucle.