Fuentes, Gaumont... Silence... Les compétitions continuent.

L'information tient en quelques lignes en bas de la  page 16 du journal l'Equipe ce dimanche. Transporté dans un état critique à l'hôpital d'Arras le 23 avril dernier , Philippe Gaumont, victime d'un malaise cardiaque, est toujours plongé dans un coma profond. Le corps médical se déclare même  pessimiste quant aux chances de survie de l'ancien coureur de Cofidis.

Risquer de mourir à 40 ans ! Cet effrayant constat  concerne  la triste destinée d'un athlète de très haut niveau, d'un sportif accompli

Il serait evidemment indécent  d'essayer de tirer de ce drame , d'autres conclusions, de chercher d'autres causes que la fatalité  à ce coeur défaillant .

Il convient néanmoins de rappeler ici que Philippe Gaumont est l'auteur d'un ouvrage au titre sans nuances.  Dans "Prisonnier du dopage" l'ancien vainqueur de Gand Wevelgem en 1997 , décrit l'implacable médicalisation en vigueur dans le monde du  cyclisme. Il témoigne des pratiques de dopage généralisées, de la consommation banalisée de produits à haute toxicité, comme les hormones de croissance, les corticoides, les anabolisants, l'EPO etc... Le tout sous contrôle médical.

Encore une fois c'est l'athlète qui risque de payer l'addition au prix le plus fort. Au prix de sa propre vie.  Et c'est ce qui est à mon sens le plus révoltant.

Tous les autres, tous ceux qui conduisent plus ou moins ouvertement le coursier  vers cette tragique dérive,  demeuront impunis et vraisemblablement en bonne santé.

Cette insupportable hypocrisie n'est pas prête de cesser. L'épilogue récent de l'affaire Puerto prouve combien les précepteurs du dopage ont encore de beaux jours devant eux. Le mardi 30 avril à Madrid , la montagne a accouché d'une souris. Le tribunal pénal de Madrid a condamné le docteur Fuentes à une peine de principe. L'envoyer en prison, parait-il, aurait inciter l'apprenti sorcier à tout balancer.

Les sportifs incriminés par sa fameuse liste peuvent donc dormir tranquille puisque leur anonymat sera préservé. La juge espagnole en charge de l'affaire n'a pas souhaité investiguer davantage. Pire la justice a ordonné la destruction des 200 poches de sang, témoins gênants de ces pratiques de dopage généralisées. Les intérêts , il est vrai, sont colossaux  dans un pays en pleine recession dont la population s'en remet aux miracles réitérés de ses sportifs toutes disciplines confondues, pour espérer encore.

 Stéphane Mandard, le chef du service des sports du journal Le Monde, met même en évidence dans un billet éloquent,  les ramifications qui existent au plus haut niveau de l'état ibérique .

 Le problème dépasse évidemment le simple cadre de l'Espagne. Hommes politiques, clubs, sponsors, organisateurs d'épreuve, diffuseurs, agents, médecins. Tous   peuvent trouver une bonne raison à encourager le dopage, sans bien sûr mettre leur propre existence en péril .

Ceux là ont  tout intérêt à ce que la tragique malaise de Philippe Gaumont, repenti du dopage, soit relégué en bas de page, si possible dans la rubrique fait divers.

Publié par pmontel / Catégories : Cyclisme