Le jour le plus long

 

L’équipe des recos s’est coupée en deux ! Hier en fin d’après-midi, les voitures de Fontenay-Dubois et celle de Castera-Lavigne sont parties à l’attaque de spéciale Pisco-Nasca. Derrière nous suivons, en flânant, attendant que la voiture « logistique » de Patrick Juillet, retardée au supermarché, nous rattrape. A la radio, mauvaise nouvelle : « C’est Patrick, je suis au départ de la spéciale, mais j’ai cassé le couple conique. Va falloir réparer mais j’en ai pour un moment ». Stationnés au sommet d’un mont, nous faisons le relais avec Castera. « La solution, c’est que Jean-Pierre (Fontenay) vous apporte ce qui manque à Patrick pour réparer et vous allez lui donner. On se retrouvera tous demain ». Cette manip’ un peu subtile se fait de nuit. Fontenay nous rejoint d'abord. Nous refaisons ensemble un bout de la spéciale à l’envers pour secourir Patrick.

Au départ de Pisco-Nasca

Lorsque nous rejoignons Patrick, Alain Grosman et Alberto Goncalves, la voiture a les fesses en l’air et Patrick est dessous ! Ce mécanicien de génie va découper le cœur du pont arrière pour extraire la pièce cassée en mille morceaux, monter le couple conique de rechange et ressouder le morceau de métal extrait précédemment !

4 heures allongé sous la voiture à ferrailler contre ce pont arrière défaillant. A mes yeux, c’est une réelle performance. Respect ! D’autant que notre soutien a été essentiellement…moral !

Patrick Juillet, Monsieur mécanique

Au matin, nous reprenons la route. Le plan est de rejoindre les deux autres voitures en passant par la Panamericana, la route incroyable qui va du Mexique à l'extrême sud  du Chili et qui sert de colonne vertébrale au Dakar dans sa traversée du Pérou. Le rendez-vous est fixé au bord du Pacifique. A la plage, quoi.

10h30, au bout d’une descente fabuleuse, l’océan est à nos pieds et l’autre moitié de l’équipe grimpée sur un rocher.

Plongée vers le Pacifique

De loin, on se demande bien ce qu’ils font tous là, sans bouger. Après une dizaine de minutes de trajet, nous comprenons leur immobilité : il s’agit d’un face à face entre humains motorisés et mammifères marins, tous immobiles ou presque.

L'équipe des recos 2013

Des dizaines de lions de mer et d’otaries sont en villégiature sur un énorme rocher à 50 mètres du rivage. Le spectacle de cette colonie bruyante nous offre un vrai moment de bonheur…

La pause a duré 20 minutes. L’équipe sait s’arrêter et « sortir » de la mission- reconnaissances pour contempler les merveilles qui s’offrent à nous ;

La route reprend. Le long de l’océan. Le décor est sublime. Sur cette plage si longue, si large, on trouve des étendues de sable rose et des dunes de toutes tailles, de toutes couleurs. A la sortie de la mer, vient un  long plateau ennuyeux mais la piste redevient vite intéressante : des toboggans, du fesh-fesh, des successions de mini woops qui nous secouent dans tous les sens.

Pour nous, et donc les concurrents, le beau, le meilleur et le difficile restent à venir : ce sera la fin de l’étape Pisco-Nasca. Pour la traversée de l’avant-dernier cordon de dunes, un épais brouillard s’invite à nos portières. Nous voilà progressant dans des dunes de brume ou une brume de dunes, on ne sait plus vraiment. Plus de relief, plus d’horizon le moment est étrange. L’impression de naviguer sur des vagues immobiles et invisibles.

Puis vient naturellement la frontière entre sol y sombra, soleil et ombre. Pendant 10 minutes les effets de lumière semblent irréels.

Entre ombre et soleil

La dernière ligne droite vers Nasca nous fait… zigzaguer. Un slalom pour commencer entre des dunettes pâles éparpillées sur le sol ébène, minéral, lunaire puis une descente vertigineuse qui mène à l’entrée du dernier erg. Il reste 5km avant de passer la ligne d’arrivée. Il est tard, on est entre chien et loup. Dans les dunes, les voitures se perdent de vue en passant de crêtes en goulets. On entend la voix de David Castera à la radio : « Patrick, j’ai cassé quelque chose à l’avant ». Arrivé le premier sur les lieux de l’incident, Fontenay fait le bon diagnostic : fusée avant droite brisée. Notre petite caravane stoppe à côté de Castera. Le campement s’installe sur le replat. Troisième nuit sous les étoiles. Patrick aidé-pour de bon cette fois- par Jean-Pierre Fontenay n’a mis que deux heures pour réparer. Fin du troisième jour des recos. C’était le jour le plus long…