De dunes en dunes

Il fait gris au lever du jour dans notre cuvette-bivouac. Mais le moral est bon. Certes, nous avons pris du retard mais rien de méchant.

Les dernières dunes sont avalées goulûment et rapidement. Nasca contournée, nous sommes au départ de la spéciale qui nous mènera à Arequipa. A peine le temps de reprendre le rythme recos (accélération-stop, accélération-stop) que surgit un plateau sablonneux où la végétation est plutôt dense. Dans le jargon  ce genre de terrain s'appelle de l’herbe à chameau ; mais il s’agit d’un « africanisme de rallye raid » déplacé. Ici, pas plus de chameaux que de dromadaires.Le relief que constituent ces touffes de verdure hérissées sur le sable est cependant exactement le même que celui rencontré un peu partout dans le Sahara. Qu’importe la façon dont on s’y prend pour en venir à bout : c’est un tape-cul infernal.

On est presque soulagé de voir un erg géant se présenter face à nous. A peine le temps de dire ouf, en fait. Premier ensablement au bout de 100 mètres et ça va durer deux heures… Pas une voiture n’échappe à la galère. Il en reste-heureusement- toujours une pour libérer les autres.

L'exercice est harassant. Physique. Essouflant. C'est du cardio violent et répétitif. Sortir les sangles et grimper sur une crête de dune. Les ranger. Les ressortir et dévaler au fond d'un trou. Remonter de ce satané trou... 2 heures pour franchir 5 km. Belle moyenne.

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Après la pause déjeûner, Régis et Juan et Patrick, Alberto et Alain partent ouvrir la partie de l’étape réservée aux motos. Je monte dans la voiture de Jean-Pierre Fontenay et Jacky Dubois et nous suivons Etienne Lavigne et David Castera pour en finir avec l’étape auto. En finir, c’est vite dit.

Fontenay se fait happer par du sable mou. Castera fait demi-tour pour nous secourir et tombe dans une cuvette qui le cloue à son tour. Dans ces moments là, la clé est de réfléchir avant d’agir. « Je vais me sortir d’abord et on verra ce qu’on peut faire après ! » crie Jean-Pierre à David. Fontenay, 20ans au volant de Mitsubishi officielles, vainqueur du Dakar 99, maintes fois sur le podium; le cv du bonhomme engage à l’écoute dans les situations compliquées. Poussé par Jacky et moi, Jean-Pierre manœuvre doucement, s’y reprenant à dix fois et s’en sort à coups de patience, pas d’accélérateur.

Le « sauvetage » de Castera s’effectuera non sans grands efforts mais encore une fois, le calme de Fontenay vaincra le sable.

Jonction avec l’équipe dédiée aux motos sur un plateau au pied du massif dunaire. Eux en ont pris plein les yeux . « Franchement, j’ai rarement vu ça » me dit Régis. « Va falloir qu’ils aient de l’estomac, les motards ». La sortie de la montagne de sable pour les concurrents motos se fera par une descente hallucinante à 45 degrés, entrecoupée de dunettes. De l’extrême…ils adorent !

La suite de cette première partie d’étape est plus paisible : pistes sinueuses, parfois empierrées, rien d’insurmontable mais des difficultés petites et grandes qui mènent à petit erg qui nous a encore bloqué deux fois avant de nous mener face à un paysage de rêve : au loin une longue et large bande ocre dessinée sur le relief, plus foncé.

Comme un glacier de sable qui dévalerait la montagne...

Quatrième nuit de bivouac. Demain suite de cette étape déjà copieuse.

Au fond, le "glacier de sable"