A LA VERTICALE

Cette année, avant que nous partions pour l’Amérique du Sud, David Castera m’avait envoyé une feuille de route des reconnaissances du Dakar 2015. Document précieux qui me permet d’organiser du mieux que possible les différents tournages des reportages que vous pourrez découvrir en décembre dans « Tout le Sport » et en janvier, pendant le rallye, dans « Le Dakar » tous les jours à 18h40 sur France 4. Normalement, il était donc question que nous quittions San Pedro de Atacama pour revenir sur nos pas et retrouver l’ensemble de l’équipe quelque part dans la spéciale qui mène les concurrents d’Iquique à Calama

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Normalement…

Après 5heures de route goudronnée, nous entrons dans la spéciale à l’envers et nous nous « posons » pour attendre le reste de la troupe qui, normalement, ne devrait pas tarder à arriver. Normalement… Ne voyant pas de fumées dégagées par les voitures au loin, nous montons sur le point le plus haut que nous trouvions pour capter un peu de réseau téléphonique. Ca marche ! A l’autre bout du fil, David Castera : « Laisse tomber le rendez-vous, on a eu un petit souci, descendez à Iquique et on repartira à zéro demain ».

Laconique, mais pas la peine de faire des phrases. Direction les bords du Pacifique pour écouter le patron sportif du ralllye nous raconter la mésaventure du jour. « Bah j’ai fait une erreur, en voulant gagner du temps ».

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On reprend la course dans le sens de la marche : le vendredi 9 janvier, à la fin de l’étape Antofogasta-Iquique, les motos s’écarteront du parcours commun pour aller jouer un peu plus dans les dunes. Une petite rallonge sur la crête des sommets ensablés qui dominent l’océan à cet endroit..

« Le problème, m’explique David, est que pour reconnaître ce secteur en voiture, il faut en faire la moitié dans le sens de la marche, repartir dans le sens inverse et entrer à l’envers dans cette demi-boucle pour se remettre dans le bon sens et terminer d’écrire cette partie du road-book moto ». Ces circonvolutions imposées par la difficulté de rédiger le parcours moto avec une auto représentent deux heures et demies de contournement, rien que pour reprendre le fil de la trace…

Alors qu’une heure suffit si l’on descend tout droit vers la mer et que l’on reprend le goudron pour remonter dans les dunes et repartir à l’envers. « Des descentes vers le Pacifique, y‘a que ça ici, sourit Castera. Le problème est que là, on s’est engagés en pensant que celle-ci était comme les autres : raide mais jouable. En fait, elle est impossible » Après quelques dizaines de mètres dans une pente déjà vertigineuse, Patrick Juillet au volant et Castera à sa droite découvrent une descente proche de la verticale. « Franchement, on s’est fait peur, me dit Patrick ». Pourtant pas le genre du bonhomme, membre de l’équipe des recos depuis des années, qui a vécu des galères de tout premier plan… « Une fois dedans on savait qu’il ne serait pas possible de remonter, mais on croyait que ça tiendrait jusqu’en bas »

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En fait : non.

« On a renoncé, parce qu’on a senti que ça pouvait vraiment mal finir » Castera et Juillet descendent à pied et rentrent en stop à l’hotel. C’est là qu’ils nous ont raconté leur drôle d’aventure.

 

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Reste à récupérer le véhicule. Dans ce genre de situation, chacun des 10 membres de l’équipe a sa théorie… Plus ou moins loufoque ou réaliste. La solution sera trouvée le lendemain avec le soutien de l’armée chilienne. Puisqu’il est impossible de remonter la voiture, on va la descendre mais tout, tout, tout doucement…

 

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Une sangle de chaque côté du pare-chocs arrière. A l’extrémité des sangles, des plaques de désensablage placées comme des rateaux, alourdies encore par des roues pour freiner la progression des 2 tonnes du 4X4. Deux heures et demies pour descendre, mètre par mètre, 800 mètres d’une pente quasi verticale.

 

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En bas, Juan-Cruz et Francisco, deux argentins de l’équipe, ont la banane : «C’était chaud et crois-moi, on n'a pas rigolé tout le temps », me dira « Fran’ » avec son accent délicieux et sa malice habituelle. Voiture sauvée, Juan-Cruz et Francisco nous retrouveront plus loin sur la route. Nous, nous sommes au départ de l’étape Iquique-Calama, à l’autre bout des dunes…

Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Dakar 2015