Pendant que Juan-Cruz et Francisco extrayaient la voiture de sa verticalité, nous étions au départ de l'étape 9 : Iquique-Calama.
Départ à 5h30. Montée sur le plateau désertique de Alto Hospicio et entrée dans le massif dunaire qui surplombe le Pacifique. Il fait encore nuit et on tâtonne un peu pour trouver la bonne sortie de la ville qui nous déposera au départ de la spéciale.
Un ou deux culs-de-sac plus tard nous voici au bon endroit. Mais notre départ est retardé. C'est un jour de Camanchaca, comme souvent ici
La Camanchaca c'est le nom donné au brouillard qui vient étouffer les hauteurs. Le phénomène est dû au courant marin de Humboldt, froid, qui longe les côtes du Chili et prend le large après avoir traîné un peu encore, le long des plages péruviennes. Chauffé par le soleil en début de journée, l'Océan dégage une vapeur qui vient s'accrocher sur les massifs. Il faut alors attendre quelque temps avant que cette brume ne s'évapore, encore une fois sous l'effet de la chaleur du soleil.
Alors on attend. On boit un café. On plaisante, on rit. On profite des lumières et des mouvements du brouillard sur la crêtes des dunes. Il fait frisquet mais le moral est bon : on va partir pour une spéciale de 430km à peu près. 30/40 km dans les dunes et après, les longues plaines désertiques de l'Atacama. Ce programme me fait beaucoup penser à l'étape Calama-Iquique de l'an passé. David Castera, Directeur sportif du rallye me le confirme : "C'est la même que l'an passé à l'envers. Dans cette partie du désert, on est "bloqués" par des zones de recherches archéologiques. Ici on n'a pas cinquante solutions, la plus cohérente était de faire le chemin à l'envers. Il y a d'autres façons de traverser mais elles sont moins intéressantes sportivement".
Pour commencer, il faut déjà traverser les dunes. Et là, il y a mille façon de le faire. Le terrain de jeu est long de 40km, large de 10... Les possibilités de zigzaguer entre les montagnes de sable sont infinies.
Le Dakar 2015 aura déjà traversé ces dunes lors de l'étape 6 Antofagasta-Iquique. Ce passage "retour" s'est effectué sans le moindre souci en recos. Mais ce n'est pas un signe de facilité. "Tu ne peux jamais présager de ce qui va se passer en course, tout est différent, la chaleur, la densité du sable, sa portance. L'année dernière on a galéré comme pas possible ici et les premiers sont passés comme des fleurs." Castera a raison. Il suffit de repenser aux 25 minutes perdues par Nani Roma, il y a deux ans, à quelques hectomètres de ce secteur que nous venons de traverser sans jamais nous ensabler...
La suite de l'étape nous conduit sur les longs plateaux arides de l'Atacama. Du cap, peu de notes, des ondulations, du hors-piste cahotant qui vous brasse les lombaires sur des kilomètres.
On traverse la Ruta 5 et on s'engage sur d'autres plaines poussiéreuses. Avant goût des zones de fesh-fesh qui nous attendent demain. Nous voici maintenant dans une ligne droite de 30km. Pas question de se détendre pour autant. C'est très, très sablonneux et les traversées de rios asséchés sont sévères : les marches arrivent sous vos roues sans prévenir et l'on passe de 100 à 0 km/h en urgence. Freinage, trial, relance..et on recommence !
Plus loin cela s'apaise, sans devenir l'autoroute tout de même. Le soleil commence à se coucher, on a fait pratiquement la moitié de la spéciale, il est temps d'installer le campement au milieu du désert. Fontenay gonfle les matelas, Castera cherche du réseau téléphonique pour répondre aux mille et une sollicitations des concurrents, Pablo et Yézéquiel ont réussi à trouver un peu de bois (!), Patrick mécanique et Tomi prépare le feu pour "l'asado". Ce soir, y'a barbecue et affinage du road-book sous la tente de vie.
Nous, on vous filme tout ça...