Cette fois, on ne s’est pas réveillé dans le brouillard. Le campement était posé à plus de 1000m d’altitude, au-dessus des langues de brume océaniques Ce petit matin est magique. Le massif de sable sur lequel sont posées nos tentes ressemble à un iceberg émergeant d’une mer blanche. On profite un peu et on repart. Descente vers San Juan de Marcona, plein d’essence et route vers le départ de l’étape 5.
Je devrais écrire « un des départs » de l’étape 5. Le Mercredi 10 Janvier, il y aura deux spéciales (A et B). Motos et quads courront la spéciale A puis la B (plus au Sud). Les voitures et camions feront l’inverse. Cette alternance des catégories n’a que des avantages : les pilotes motos amateurs n’ont pas le stress d’être rattrapés par les voitures de pointe. A l’autre bout de l’étape, les voitures de pointe ne pourront pas profiter des traces des meilleurs motards, ce qui promet une course plus ouverte ou chacun devra faire sa route sur un terrain vierge de passages .
Nous commençons par reconnaître la Spéciale B. 53 km seulement. Mais on pose ici les roues sur un territoire mythique du Dakar version Sud-Américaine : les dunes de Tanaka.
Voici la meilleure façon de décrire l’endroit : faites dos à l’océan Pacifique, le long de la Panaméricaine et regardez droit devant vous. Vous êtes au niveau de la mer et face à vous, une montagne de dunes enchevêtrées qui monte jusque presque 2000m ! 110km2 prêts à vous engloutir à tout instant. Tanaka est au Pérou ce que la passe de Néga était à la Mauritanie. Parfois facile à traverser, parfois épouvantable à franchir. Tout dépend du parcours imposé par l’organisateur.
A la moitié de notre avancée dans le massif, Etienne Lavigne, le patron du rallye qui nous a rejoints, a cette remarque : « Pour l’instant on passe bien, mais en course c’est toujours différent. Ils se mettent la pression et font des c… En général, c’est toujours lorsqu’on croit que ce ne sera pas si dur que les étapes deviennent dantesques. »
Opinion confirmée par Coma : « En pré-recos on a galéré incroyablement et là on passe plutôt tranquille pour l’instant. Mais ça dépend tellement de l’état du sable, s’il est porteur ou pas… »
Nous sommes passés en hiver à Tanaka. Le Dakar attaquera le massif en été, le sable plus chaud sera évidemment plus chaud et donc moins porteur. Ici, tout est technique. Les descentes sont vertigineuses et le moindre coup de volant peut s’y avérer fatal. On trouve ailleurs de petites dunes croisées, sournoises à souhait, capable de vous bloquer en une fraction de seconde. Ici, tout est imprévisible, irrégulier et dangereux.
On se sort de Tanaka sans grand dommage mais notre moyenne parle d’elle-même : 53km en 5h. Faites le calcul…
Direction la Spéciale A du jour (la deuxième pour les autos donc). 80km de neutralisation sur la Panaméricaine vers le Nord. On retourne jouer dans les dunes rencontrées la ville puis on se retrouve sur des pistes caillouteuses, on tâtonne pour trouver la juste sortie du lit d’un rio, on pousse led moteurs dans un court secteur de fesh fesh et on se retrouve face à quelques parties de trial assez croquignoles. Seule la fin de la spéciale nous laisse en paix. Nous longeons le Pacifique pendant 40km … Kilométrage total de cette étape 5 : 267km. Les concurrents auront l’impression d’en avoir fait le double. Nous on file vers Arequipa. Encore 450km de liaison… Le Mercredi 10 Janvier sera le jour le plus long du Dakar 2018.